Histoires d’Or : Aimé Haegeman, à jamais le premier doré de la Belgique
La DH raconte les 44 médailles d’or olympiques de la Belgique (1/44). Le 29 mai 1900, à Paris, un officier de l’armée belge, futur Lieutenant-colonel et Maître d’Équitation, remporte la première médaille d’or olympique de la Belgique, sur un cheval nommé Benton II.
- Publié le 17-04-2024 à 13h26
- Mis à jour le 15-05-2024 à 13h17
- 1 (29 mai 1900) Aimé Haegeman sur Benton II > Équitation (saut d’obstacles, Prix des Nations) Né le 19 octobre 1861- Décédé le 19 septembre 1935. Né à Stadbroek
Il n’y avait aucun athlète belge pour applaudir, le 6 avril 1896 dans le stade panathénaïque d’Athènes, le roi de Grèce Georges Ier qui lança pour la première fois une phrase devenue culte : “Je déclare ouverts les Jeux de la première Olympiade des temps modernes”. Seuls 241 participants, issus de quatorze nations, se disputent alors les 43 médailles d’or de ces premiers JO, initiés par le baron Pierre de Coubertin.
Absents donc à Athènes, en 1896, les Belges vont se rattraper quatre ans plus tard : ils seront 58 à Paris en 1900, et vont ramener quinze médailles, cinq de chaque métal.
Au virage de deux siècles, au berceau de l’olympisme moderne, le peu d’athlètes inscrits et la multiplication de petites compétitions dans un nombre restreint de sports (équitation, tir à l’arc, tir…) permettent aux pays présents de faire le plein de médailles. Et les Belges en profitèrent dès 1900, lors de leur première expérience olympique, à Paris. Ramenant donc cinq médailles d’or (seuls la France, les États-Unis et la Grande-Bretagne firent mieux !) .
Paris, entre Expo et JO
En marge de l’Exposition universelle qui passionne d’ailleurs davantage les Parisiens, les Jeux s’installent pour près de cinq mois, de mai à octobre, au cœur de la capitale française, dans un rocambolesque désordre. Pierre de Coubertin, l’un des pères des Jeux modernes, peine à convaincre les organisateurs de l’Expo que leurs “Concours internationaux d’exercices physiques et de sports” intègrent le programme olympique. Dans la pagaille, beaucoup d’athlètes qui y participeront ignoreront qu’ils ont aussi disputé les Jeux olympiques. Et d’autres, comme le Comte belge Léon de Lunden, pourtant vainqueur du Concours de tir aux pigeons… vivants, ne purent revendiquer le titre olympique à cause de la trop généreuse prime (20 000 anciens francs français pour le compte du Comte) alors accordée…
Officiellement, la délégation belge à Paris 1900 était donc riche de 58 sportifs, tous masculins. Avec de nombreux militaires, dont l’un d’eux remporta la première médaille d’or de l’histoire de notre pays.
Les sports équestres font leurs débuts olympiques et s’installent Place de Breteuil, au centre de la capitale française, pour trois jours, fin mai 1900. Aimé Haegeman, 38 ans, Officier au 2e Régiment de Guides, y participe. Sur Benton II, un cheval bai de dix ans aux origines irlandaises, l’Anversois, futur Lieutenant-colonel qui devint aussi Maître d’équitation à l’École royale militaire, remporte la toute première épreuve, le saut d’obstacles. Il passe sans encombre les 22 obstacles répartis sur les 850 mètres du parcours. Un sans-faute, comme son compatriote Georges Van der Poele, sur Windsor Squire, et le Français Louis de Champsavin, sur Terpsichore. Mais Aimé Haegeman les devance, dans l’ordre, au temps : Benton II a bouclé le parcours en 2 minutes et 16 secondes.
Pour sa victoire, le militaire belge reçut 6 000 francs français.
Ce 29 mai 1900, Aimé Haegeman entre doublement dans l’histoire : il devient le premier médaillé d’or olympique de la discipline, les sports équestres, dans une épreuve, le saut d’obstacles, toujours au programme des JO 124 ans plus tard ; et offre à la Belgique son premier titre. Pour sa victoire, le militaire reçut 6 000 francs français : malgré Pierre de Coubertin, très à… cheval sur ses principes, des prix en espèces récompensaient certains lauréats…
Aimé Haegeman ne participa plus aux Jeux, mais gagna encore des galons au sein de l’armée (Maître d’équitation à l’École de Guerre et Croix militaire en 1911 ; puis Premier Maître d’équitation et Commandant en 1913 avant la mobilisation de 1914 ; il termina Lieutenant-colonel, et commanda le 2e Régiment de Guides). Avant de décéder, à Etterbeek, le 19 septembre 1935…